Discrimination

Publié le par lekrugiste

Mon employeur a donné une journée de congé supplémentaire aux agents de confession musulmane à l'occasion de l'aïd la semaine dernière.

J'imagine que le but était de faire moderne, de faire jeune, de faire métissé.

En fait cette disposition est profondément illégale, puisque nous sommes censés être égaux sans distinction de race ou de religion.

Cette disposition est effrayante parce qu'elle suppose un fichage des personnes de confession musulmane : seuls les musulmans ont reçu une note annonçant cette décision. Ca signifie qu'une personne a pris la liste des noms de tous les agents en ciblant les personnes ayant un nom à consonnance maghrébine. Je suis sûr que mon patron, en tant qu'homme de gauche, président du conseil général et sénateur, avait une opinion défavorable au sujet de la base Edvige qui était censée consigner ce genre de données. Il s'empresse cependant de faire la même chose dans sa propre collectivité. Effrayant. D'autant plus que j'imagine qu'une personne portant un nom à consonnance maghrébine n'est pas forcément musulmane, de même qu'une personne portant un nom franco-français peut tout à fait l'être.

Cette disposition que l'on qualifierait certainement de "discrimination positive" montre les musulmans du doigt, en les mettant à part des autres agents. D'ailleurs un collègue d'origine algérienne s'inquiétait de ce fait en disant qu'il ne voulait pas qu'on reconnaisse sa différence mais qu'il avait droit à l'indifférence. Beau discours que j'approuve sincèrement, c'est ma vision de l'intégration. Cela ne l'a pas empêché de prendre sa journée.

Ce qui me choque en fait, c'est la différenciation entre les employés : si l'on avait décidé d'accorder cette journée à tous sans distinction, cela aurait été une preuve de modernité. C'est pour tout le monde ou pour personne. J'imagine bien qu'il doit y avoir des juifs au conseil général. Pourquoi n'auraient-ils pas droit à la Hannouka ? En tant que mosellan, j'exige le 26 décembre et le vendredi saint. Le seul résultat sera de monter les gens les uns contre les autres.

Ce genre de pratique était en vigueur à l'époque mérovingienne il me semble : lorsqu'un burgonde commettait un crime en Austrasie, on lui appliquait la coutume de son ethnie d'origine, c'est à dire la tradition burgonde. En fait de modernité, c'est un bond de presque 1500 ans en arrière.

Et la négation de tout idéal républicain. Beau travail !

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